Au fil des jours

Le cycle du secondaire

L’été de mes 14 ans rompt avec mon enfance et ma vie de petite école. J’ai eu mes premières règles, je ne sais pas grand chose mais ma mère m’a expliqué l’essentiel et mon père qui a peur que ses filles tombent enceintes, je ne sais pas encore comment cela se pourrait nous met en garde contre les garçons; voilà pour les affaires plates mais pour le reste, durant mon adolescence de la huitième à la onzième année, je vis un véritable bonheur.

Premièrement, J’apprends de nouvelles choses à l’école, les sciences font leur apparition dans ma vie. C’est les théories scientifiques qui me fascinent. Je m’intéresse à la préhistoire, aux recherches archéologiques, je rêve d’aller en Égypte. Je découvre le cosmos et les atomes et comme pour Pascal, le vertige me prend. Ce sont les théories qui expliquent comment fonctionne l’univers, comment il est arrivé et où il va qui me passionnent. La figure d’Einstein, vieillard aux cheveux blancs et bouclés représente pour moi le vrai scientifique. Je m’attacherai aussi à Marie Curie qui méritait le Nobel que l’on a décerné à son mari. J’enregistrerai une nouvelle injustice qui s’ajoute, à toutes celles que j’ai déjà recensées qui concernent les femmes.

Nous avons aussi des ateliers de cuisine dans lesquels je suis jumelée à Louise et nous apprenons à faire des confitures, des omelettes, des gâteaux éponge et une bûche de Noël. J’apprends le tricot, un foulard, des mitaines, des bas. J’essaie de réaliser mes tricots, ma mère les avance le soir devant la télé. On nous donne aussi quelques notions de couture, un tablier et pour ma dernière année la réalisation d’une pièce compliquée, j’ai fait une jupe à plis plats dont je suis très fière.

À l’école on a remplacé les processions du mois de Marie portée sur un petit brancard par de nouvelles matières scolaires. On nous demande maintenant de prendre position sur des sujets d’actualité. Lorsque Kennedy meurt, on nous permet de regarder à la télévision, dans la grande salle, les reportages qui lui sont consacrés.

Nous avons le droit de chanter et de danser, on ne nous oblige plus à jouer au ballon, nous avons le droit de nous promener durant les récréations et de jaser ensemble. Louise et moi continuons de lire, maintenant ce sont des livres de plus en plus sérieux.

Je jouis maintenant de beaucoup plus de liberté. Chaque vendredi soir, on peut danser à la salle des Chevaliers de Colomb, Louise et moi avec nos soeurs Hélène et Nicole y sommes chaque semaine. C’est la saison du twist, du rock du Chachacha. Nous dansons avec la musique des Beatles avec nos bottes longues, pour nous donner du style. La soirée débute à 19heures et se termine à 22heures. Je m’achète au petit restaurant un chip et une boisson gazeuse. Comme je n’ai pas de « chum » et qu’aucun garçon ne vient me demander, je ne danse pas les slows. J’aimerais bien qu’il en soit autrement.

À la fin du secondaire, je ne suis plus aussi seule que je l’ai été au primaire. Je me suis liée avec d’autres filles et j’ai le projet de monter une pièce de théâtre qui nous réunira tous, sur une même scène. Durant presqu’une année, nous avons copié à la dactylo, avec du papier carbone, le texte d’une pièce dont je ne me souviens ni du nom, ni de l’auteur. Et les répétitions de notre troupe ont commencé. Nous avions choisi cette pièce car nous voulions avoir tous des rôles équivalents.

Lors des premières répétitions, nous avons compris que nous n’y arriverions pas. Les gars faisaient le fous et les filles n’étaient pas plus sérieuses. L’aide va venir de professeurs du secondaire qui vont nous orienter vers un changement de pièces, on optera pour « Les précieuses ridicules  » de Molière et « L’Ours » de Tchékhov, Nous N’aurons pas tous de grands rôles mais nous serons tous ensemble pour aller jusqu’au bout. Cette année de la pièce, notre groupe se voit chaque semaine, on répète, Nicole fait les perruques que nous porterons, ma mère et la mère d’une autre actrice font les costumes. On a peu de moyens mais beaucoup d’imagination. Que du bonheur dans cette année préparatoire, quand on ne répète pas on se fête nos anniversaires, on danse, on fait les sapins de Noël les uns , les autres, et on termine par un lunch. On est tous des adolescents en pleine croissance. Beaucoup de ces rencontres se passeront chez mes parents et ma mère bien des fois devra expliquer aux autres parents que le danger qui nous guette dans les maisons des parents est bien moins sérieux qu’ailleurs où ils ne sont aucunement encadrés.

Le samedi, il y a le cinéma, en après-midi pour les enfants et maintenant j’ai le droit d’aller aux représentations des adultes. Je me suis fait un chum et nous y allons ensemble. À part les mises en garde concernant les garçons que me chantent mes parents, aucun nuage sur cette adolescence remplie d’amis et d’activités heureuses.

Pour couronner la onzième année du secondaire, notre troupe de théâtre tient deux représentations de nos pièces et s’engage dans l’ouverture d’une boîte à chanson « L’escalier » cette salle aussitôt ouverte sera aussitôt fermée, elle n’est pas conforme aux normes de sécurité.

Mon secondaire se termine et je ne veux pas arrêter d’aller à l’école. Je veux apprendre toujours davantage, à Donnacona, il n’y a plus d’école pour moi. Louise ma meilleure amie s’est trouvé un emploi à la Banque Nationale. Je n’envisage pas de devenir secrétaire ou vendeuse. Mes parents voudraient bien que je poursuive mes études mais il n’ont pas les moyens de payer une école en ville. Je fais des demandes au Prêt d’honneur qui prête aux étudiants moins fortunés, aide, qui probablement va de préférence aux garçons. On ne m’accordera aucune aide de ce côté. Miraculeusement, l’Académie de Québec recrute dans Portneuf des élèves talentueux pour ouvrir une formation qui ressemble au cours classique. On a vu mon dossier et je suis retenue pour faire une Belles-Lettres spéciale qui m’ouvre sur l’université une fois que j’aurai complété les trois dernières années du cours classique. Je suis dans la deuxième cohorte d filles qui vont dans cette institution de garçons. Nous sommes une vingtaine je crois.

Je découvre alors les civilisations antiques, la poésie, mon talent pour l’écriture,. Je termine ma première année de collège première de ma classe. je m’intéresse encore au théâtre et joue le rôle principal dans une pièce d’Anouilh. J’ai maintenant un « chum », nous faisons de projets, Nous voulons vivre ensemble. Donc nous projetons de nous marier car il est impossible d’envisager autre chose à cette époque. Bien que je sois très heureuse, que mes parents soient compréhensifs, ils sont surprotecteurs. J’ai un ardent besoin de m’affranchir, je veux essayer mes nouvelles ailes, celles de la fille qui réussit en classe, qui écrit de la poésie et qui est aimée. Je me marierai à 18 ans. Nous sommes tous les deux étudiants, rêveurs et confiants .Nous sommes cependant deux plaques tectoniques, aussi puissante l’une que l’autre qui vont en se frottant durement provoquer de grands bouleversements, intérieurs et extérieurs.

Au fil des jours, les cycles

Le cycle du primaire

Ma petite enfance se termine avec mon entrée à l’école. J’ai six ans, pour la première journée ,ma soeur Nicole m’accompagne avec ma mère. Ma mère croit qu’elle est asse grande et brillante pour commencer ses classes en même temps que moi. Je crois que Nicole voit les choses autrement, elle se met à pleurer quand ma mère quitte la classe et dit qu’elle reviendra nous chercher. Nicole aurait certainement pu faire sa première année en même temps que moi car nous avons les mêmes activité, nous savons toutes les deux les réponses au Petit catéchisme , nous savons compter jusqu’à 20 et nous pouvons rester sages.

De ces années du primaire il me reste quelques souvenirs, le premier qui me revient à l’esprit est celui où je suis en punition dans le corridor, parce que j’avais parlé. Je me sentais bien petite derrière la porte, j’ai honte aussi et je ne comprends pas pourquoi parler constitues une faute et amène une punition. En première année également, la religieuse qui nous enseignait avait composé une chanson dans laquelle chaque élève chantait son nom et sa qualité. Je ne me rappelle que le plaisir que j’ai eu à chanter avec mes amies devant toute l’école pour la visite de mère provinciale.

En deuxième année deux souvenirs tristes, le premier concerne ma professeur, elle criait énormément et donnait des claques à une élève qui visiblement de comprenait pas aussi rapidement que les autres. À chaque fois j’étais bouleversée et révoltée, je m’en voulais de ne rien dire et de la laisser faire, je voyais une grosse injustice. Puis elle a été remplacée par une autre enseignante, sans doute parce qu’elle était malade. Ce nouveau professeur n’était pas non plus très pédagogue. Un matin elle nous annonce que le soleil tourne autour de la terre. J’avais vu dans l’encyclopédie que c’était le contraire, je lève la main et lui en fait la remarque, elle pique une colère. La cloche sonne et je retourne chez moi pour dîner. À la maison, je vérifie que c’est bien la terre qui fait le tour du soleil, je m’assure que j’ai bien compris. Je retourne à l’école, la directrice, une religieuse, est dans la classe et me fait une sermon, je suis une tête croche, je ne dois pas contester l’autorité de l’enseignante, les adultes ont raison.

Je ne sais pas alors que Galilée a été confronté au même dilemme et qu’il a dû céder, il aurait pu être excommunié et soumis à la question des inquisiteurs. On rapporte qu’il aurait dit tout bas en sortant de son interrogatoire: « …et pourtant , elle tourne… » Pour ma part, je vis ce que je considère être une profonde injustice et une grande humiliation. C’est à ce moment que mes rapports avec l’autorité ont changé, je ne fais plus confiance aux adultes er je prends les moyens nécessaires pour vérifier la véracité de ce que l’on m’enseigne. Dès lors, je m’oppose aux exagérations et me porte à la défense des opinions divergentes. De plus, je place la connaissance comme valeur absolue. Pour le restant de la vie, je serai celle qui pose les questions, celle qui confronte, qui ouvre la bouche quand tous se taisent. À partir de ce moment, je mettrai souvent les pieds dans les plats.

En troisième année je fais la connaissance de Louise qui deviendra ma meilleure amie, Nous le sommes encore. Dans la classe nous occupons le même bureau deux places, nous sommes placées dans la dernière rangée. On s’écrit des mots, on se parle un peu dans le dos des professeurs. Je remarque tout de suite qu’elle est super intelligente et qu’elle comprend aussi vite que moi. Un jour la religieuse par ironie dit devant toute la classe « Comment peut-on arriver à cette réponse-là? », parlant d’une élève qui s’est trompée en calculant. Tout de suite Louise me dit qu’elle sait comment on peut reproduire cette erreur, elle m’explique et moi panier percé, sans doute pour me faire valoir, je lève la main et tente d’expliquer à mon tour, je n’y parviens pas. Pour ma plus grande honte.

Louise et moi sommes devenues inséparables, nous nous prêtons les livres de la bibliothèque rose, les signes de piste, les Sylvie et tout ce qui nous tombe sous la main. Dès que nous le pouvons nous jasons de mille choses, nous posons des questions et cherchons des réponses. A chaque fin d’année j’espère de toutes mes forces la retrouver dans ma classe l’année d’après.

Je vieillis tranquillement, lisant dans les manuels scolaires les pages non encore enseignées, trouvant ridicule l’éducation physique appelée gymnastique qui constituait à se lever et à se placer à côté de son bureau et à lever et descendre les bras, les recréations sont un vrai calvaire, on joue au ballon chasseur je suis toujours la première à mourir et me retrouver derrière la ligne de jeu. J’arrive enfin en septième année, fin du primaire, on a enfin le droit de danser comme activité physique.

Pendant les étés je m’ennuie royalement, nous avons eu nos recommandations de fin d’année qui consistent à rester décentes pour ne pas être des occasions de péché pour les garçons. C’est là que je me dis que les gars sont stupides et que leurs péchés ne nous regardent pas nous les filles. Il faut bien voir qu’au début des années 60, seuls les bermudas peuvent faire pécher, les corsages bretelles, les shorts ultra courts, les gilets bedaines ne sont pas encore inventés. Je regarde les garçons de mon âge à la communion solennelle, je ne leur trouve aucun intérêt et décidément je n’arrive pas à croire aux dangers auxquels les filles peuvent les exposer. Probablement qu’on nous met en garde contre les plus vieux mais jamais on ne nous explique ce qui peut nous arriver. Le consentement ne fait pas partie de notre éducation, on nous fait peur sans nous expliquer de quoi on doit se méfier. Je trouve déjà très suspect que les filles soient responsables des fautes des gars. Alors que l’on exige de nous une responsabilisation de tous les instants, jamais on exige d’eux qu’ils assument leurs actes. Je me dis que c’est pas mal facile pour eux et vraiment difficile pour nous. Puis, je passe au secondaire, je change d’école, j’arrive au couvent Sainte Agnès, j’ai eu 14 ans en juin.

Au fil des jours, écrire encore…

À l’université j’ai eu tout le loisir d’écrire, réponses aux examens, des travaux courts et longs et un mémoire de maîtrise portant sur la science et la religion, par le biais de nouvelles pratiques spirituelles liés à l’expérimentation, base de la pratique scientifique actuelle. Mes années passées à l’université sont remplies de découvertes passionnantes. A cette même époque, j’ai fait des recherches pour un auteur de livre d’administration, auteur pour lequel j’écrivais aussi des discours. Cette nouvelle expérience s’est avérée très stimulante intellectuellement car avec lui je devais être en contact avec des découvertes scientifiques. Je lisais aussi des philosophes, j’avais tout loisir de me renseigner sur notre propre avenir et celui des sciences tant humaines que les autres, dites dures. Cette collaboration est une des plus riche expérience de ma vie intellectuelle. Nous partagions le goût de la découverte et un certain esprit ouvert, toujours prêt à s’émerveiller. Nos échanges ont toujours été joyeux et stimulants. Avec mon travail de journaliste, celui de recherchiste et d’écrivaine sont mes les seules activités professionnelles qui m’ont enrichie.

J’ai aussi pratiqué l’art épistolaire. Du temps où les courriels étaient inexistants, j’écrivais régulièrement e longues lettres à ceux que j’aimais. Ces lettres décrivaient mon quotidien, me permettaient de faire le point puisqu’elles m’apportaient des réponses en retour.

Puis l’écriture est disparue de mes activités, ici et là une petite histoire, un conte ou une nouvelle, je n’ai plus écrit. Puis durant la pandémie, le confinement aidant, j’ai écrit les aventures de mes petites-filles l’été à notre chalet. avec l’aide de ma fille Anouk, j’ai publié Les conte de mamie Diane, illustré de belle façon, des nombreuses photos prises à tous leurs âges.

Le goût d’écrire m’a repris et j’ai terminé la biographie de ma mère Solange, dans laquelle seront publiées les photos de notre vie de famille. Et je viens d’entreprendre ma propre biographie, une page à la fois. Je me suis fixée 365 jours pour réaliser ce projet. Mais elle ne comptera pas 365 pages.

Au fil des jours, écrire

Je devais avoir une dizaine d’années lorsque j’ai reçu du matériel avec lequel je pouvais écrire et imprimer un journal. L’ensemble proposé comportait des lettres à insérer dans des étuis sur lesquels on passait de l’encre et que l’on appuyait sur une feuille de papier. C’était un jeu compliqué et écrire de cette manière pour imprimer un journal, je ne parvenais parfois qu’à faire un titre, a tôt fait de m’ennuyer. Mais travailler dans un journal comme journaliste et non faire de la lithographie m’intéressait déjà.

La première fois que j’ai senti qu’écrire avait une grande valeur c’est à la fin du primaire quand dans un examen on a demandé de parler d’une saison. Je ne sais pourquoi, j’ai choisi le printemps et me suis mise è disserter sur ce sujet, parlant de la beauté de la nature en éveil, et des promesses que cette saison nous offre. Mon professeur m’a félicitée. J’étais surprise car écrire ne m’avait demandé aucun effort, l’exercice avait été d’une extrême facilité. Je m’étais sentie emporté par le sujet, soutenue par l’envol des mots. J’ai eu cette même sensation d’envol lorsque j’ai disserté sur sur une chanson de Jacques Brel Rosa, rosa, rosam … et sur la pièce de Molière: Les précieuses ridicules, pièce dans laquelle j’avais interprété le rôle d’une des précieuses. C’était au Collège, j’avais 17 ans, le professeur m’avait accordé la note de 100%. Ces deux dissertations avaient été écrites d’un jet, j’avais juste ajusté l’orthographe. Je pressentais que l’écriture serait dans mes cordes. Du moins que cette activité était proche de mes capacités, qu’elle me plaisait et ne me demandait pas d’efforts affligeants.

Ce n’est que plus tard que je me suis consacrée à l’écriture. Je suis devenue journaliste dans un hebdo régional. J’y ai travaillé pendant quelques années. J’écrivais des chroniques, je faisais des reportages, je publiais des entrevues, j’adorais ce métier que j’ai quitté au début des années 80. Le journal a dû fermer à cause de la concurrence.

Je suis retournée aux études, je voulais devenir une journalistes avec diplôme, on ne donnait pas cela à Laval, je devais entreprendre un baccalauréat avec une mineure en journalisme. J’ai débuté par une mineure en science politique, renoncé au journalisme et ajouté la sociologie en mineure. J’ai opté ensuite pour une maîtrise en science politique avec une mineure en sociologie. Je garde de ces années à l’université des souvenirs heureux, le sentiment d’accomplissements. J’ai été heureuse d’apprendre et de découvrir. Je suis faite pour cela.

Au fil des jours, à la Jung

Pourquoi écrire une biographie alors que j’ai eu une vie ordinaire et n’ai pas réalisé de grandes choses. Je crois cependant que les grandes choses que j’ai pu accomplir n’apparaissent pas dans ma vie publique mais bien dans ma vie intérieure. J’ai compris que les véritables événements qui me sont arrivés et qui m’ont transformée se sont passés en moi-même. Je ne nie pas que les différentes étapes de ma vie n’ont pas d’intérêt, mes rencontres, mes amitiés, mes enfants, mes deuils tout cela mérite des mentions mais je veux m’attarder davantage aux découvertes que j’ai faites à travers ces expériences qu’aux événements eux-mêmes. Je veux les relier entre eux pour dénuder la trame du fil des jours, parce que j’ai beaucoup tissé et qu’il ne me reste pas beaucoup de temps pour ajouter encore. L’exercice d’écrire et de colliger en réfléchissant augmentera certainement ma récolte intérieure.

Lorsque je repense aux jeux de mon enfance, je ne peux que réaliser que dans ma vie d’adulte ils ont pris une place énorme et que de jeux, ces activités sont ce que j’ai fait dans la vie. Je jouais comme toutes mes amie à la maman, je jouais à traverser l’ouest comme les pionniers, je jouais à écrire et publier un journal, j’aimais me déguiser et faire des pièces de théâtre, organiser des spectacles, confectionner des maisons de poupées en carton et papier de toilette en couleur pour des poupée découpées avec leurs vêtements dans des catalogues de Sears ou Dupuis Frères. Voilà à quoi je m’amusais étant jeune. J’oubliais toutes les heures passées dans l’encyclopédie de la jeunesse dès que j’ai été capable de lire.

Lire et apprendre ont été mes principales activités au long du parcours de mon existence. L’arrivée à l’école, le grand tableau noir sur lequel la religieuse inscrivait les lettres, tableau que je pouvais me remémorer à tous mes âges car je crois que j’ai une mémoire un peu photographique et que pour répondre aux diverses questions des examens du primaire jusqu’à l’université, je n’avais qu’à regarder le tableau noir où les réponses s’inscrivaient blanc sur noir. J’étais le genre de fille un peu comme Hermione dans Harry Potter qui est une élève studieuse et qui désire en savoir toujours plus. Le genre la main levée, prenez-moi, demandez-moi s’il vous plaît.

Ma soif d’apprendre ne s’est jamais démentie, tous les sujets m’ont intéressée et la science, découverte au secondaire, la physique surtout m’a passionné et me passionne toujours. À quatorze ans, je suis tombée sur la vie d’Einstein et sa théorie de la relativité, j’étais obsédée par les horloges qui retardent et cette énergie qui se transforme en matière. Je reste une fan finie de la théorie quantique, de la théorie des cordes, je cherche à comprendre comment cet univers fonctionne et je cherche encore à voir si nous existons vraiment ou si notre esprit habite simplement un corps muni d’un logiciel super performant. L’école a été une planche de salut pour la petite timorée de la petite enfance. Apprendre a brisé ma solitude , m’a ouvert sur un monde extrêmement riche dont je serai à jamais capable d’en faire complètement le tour.

Lorsque je suis sortie de l’école, j’ai lu tout ce qui me tombait sous la main, des romans surtout, lorsque les enfants dormaient, lorsque je voulais m’évader d’un quotidien trop pauvre à mon goût et à force de lire j’ai fini par écrire. Une autre vie a pu commencer.

La petite école comme l’université ont été des moment très heureux, si je le pouvais je serais toujours dans une salle de classe à photographier mentalement le tableau noir, à me poser et à répondre à des questions. Le bonheur total.