Le bonheur, une mission.

Un jour, quelqu’un m’a dit simplement que nous étions ici pour trouver le bonheur, en faire l’expérience. Cette fois-là, j’ai cru que c’était la vérité. Cette fois-là, mon être tourmenté a trouvé un peu de repos. Il y avait tout à coup moins d’obligations à remplir, l’investissement dans la quête était peut-être suffisant.

Comme durant toute ma vie je n’avais que cherché que le bonheur, la paix, l’amour, je me suis sentie réconfortée. Un petit peu de « Tu en as assez fait » a commencé à faire son petit chemin en moi. Parmi les chercheurs, j’en suis une excellente. Pour chercher je cherche et ne ménage aucun effort. Je ne suis pas vraiment une personne très heureuse. Il y a sur terre des personnes qui ont le bonheur facile et d’autres comme moi qui ne l’ont pas du tout. Certaines personnes comme moi ont des âmes tourmentées qui ne se satisfont pas facilement. Ce sont des personnes idéalistes qui aspirent dès la plus tendre enfance à vivre dans l’absolu. Le bonheur, n’est pas de ce côté. Du moins, je ne l’ai pas trouvé là. Le bonheur est aussi plus difficile à trouver quand on est jeunes. Il y a à cette époque de la vie une impérieuse appétence qui nous pousse continuellement en avant et occulte la satisfaction possible dans le moment présent. Nous sommes continuellement projetés dans un futur où enfin le bonheur sera là. Le pire dans cette attitude c’est qu’elle est tellement inconsciente que nous ignorons la plupart du temps quel transport nous mène et toujours d’où provient l’insatisfaction ressentie.

Il est là … le bonheur

Pourquoi une personne qui a tellement cherché le bonheur et qui ne l’a vraisemblablement pas encore trouvé complètement se permet-elle d’en parler. Pour tout dire ce n’est pas parce que je en l’ai pas trouvé que je veux en parler ni parce que je me sens vraiment compétente, c’est parce que je pense que c’est une tâche possible et que n’importe qui peut y parvenir puisque les grands sages nous disent que c’est notre mission. Je pense aussi que lorsque l’on a plus de cinquante ans, on sait davantage comment on peut être heureux. « Ni demain, pas plus tard, ici et maintenant» Quand je serai grand. On passe toute notre enfance à espérer vieillir et enfin être assez grands pour être enfin heureux. Et pourtant jetant un coup d’œil en arrière, on réalise que dans l’enfance on a été heureux bien des fois. Les Noëls où on a eu ce que l’on voulait vraiment, les fois que l’on a eu du vrai fun avec nos amis, les fois que l’on a fait des découvertes, les fois où l’on a préparé des expéditions en chaloupe sur le lac ou à bicyclette, toutes les fois où c’était notre fête, où durant une tempête, on a joué ensemble avec nos parents à des jeux de société.

Combien de fois nos parents ont-ils été obligés de nous arracher de force à nos jeux, combien de fois nous sommes-nous endormis sur le divan et nous nous sommes retrouvés dans notre lit les soirs de fête. Et toutes les fois où nous avons eu les yeux plus grands que la panse. Toutes les fois où lisant un livre nous nous sommes évadés dans tous les mondes imaginaires. On était heureux mais on ne le savait pas vraiment.

Le secret est sans doute là, le bonheur une question de conscience.

Le temps, pas n’importe lequel

En fait, il m’apparaît que bien que l’on manque de temps, on s’ennuie aussi beaucoup. On peut se demander pourquoi et avancer plusieurs explications. Nous vivons dans une société où l’activité est obligatoire et omniprésente. Il faut absolument être occuppé autrement nous n’avons pas d’existence. Donc nous vivons dans un «affairisme» qui, s’il s’estompe le moindrement nous laisse avec un profond malaise. En convalescence nous ne savons vraiment pas quoi faire, dans le silence nous cherchons le bruit et l’activité, dans nos loisirs nous cédulons des activités qui, nous l’espérons nous permettront d’être assez occuppés pour ne pas nous ennuyer. Car, nous ressentons continuellement un vide à combler. Même si nous croyons que nous manquoons de temps, surtout si nous nous sentons continuellement débordés, l’activité ne dissippe pas le malaise.

Tant que nous nous affairrons, le temps nous manque, tant que nous cherchons à meubler le silence, tant que nous multiplions les contacts pour ne pas être seuls et tant que nous refusons de nous accorder du temps, de nous faire ce cadeau, nous ne pouvons réaliser que nous avons du temps, autant de temps que nous voulons.

Pendant tout ce temps , nous perdons le peu que nous avons et perdons la liberté qui vient avec.

Au temps où je me sentais conicée et incapable de venir à bout de tout ce que je devais faire, je me suis astreinte à me réveiller trente minutes plus tôt et à m’accorder tout ce temps juste à moi, à ne rien faire, à ne pas m’imposer des activités, trente minutes de pur bonheur, dans le silence, avant que la maisonnée soit en effervescence.

Aujourd’hui alors que je dispose de tout mon temps, le rappel de ces simples minutes me plonge toujours dans le même bonheur et m’enivre. Le temps que l’on se donne c’est le seul que l’on a.

Le temps

L’un des plus grands problèmes actuels est le manque de temps. Où que l’on aille, les gens disent qu’ils manquent de temps. Coincés que nous sommes entre le travail et la famille, sans compter le temps nécessaire au simple entretien des conditions de notre vie, on ne trouve pas le temps de vivre et de profiter de notre existence.

La plus belle acquisistion que j’ai faite à la retraite c’est la récupération de tout mon temps. Mais je n’avais pas attendu à la retraite pour me donner du temps….